Jean-Joseph Goux - La Cybermonnaie ou les doigts de la main invisible.
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Mais Démocrite et Épicure, de leur côté, ont fait de la combinatoire des lettres un nouveau mode, positif, de penser le monde, un nouveau modèle de vision du cosmos, qui n'est autre que la conception atomique du monde. Les mots, qui désignent une si grande variété de choses, sont tous composés des mêmes lettres, dont seul l'ordre varie. Il en est de même des atomes dont ils postulent l'existence, particules élémentaires, tous d'une nature simple, mais qui, combinés les unes aux autres, de différentes façons, créent la multitude variée et infinie des substances du monde. Avec la lettre, non plus comme risque d'aliénation, mais comme modèle de formation et d'information du cosmos, Démocrite et Épicure, font le saut dans le digital.

Monnaie et écriture ont des destins parallèles. L'alphabet est le moment commerçant de l'écriture. La monnaie est le moment alphabétique de l'économie. Dans la lettre et la monnaie peut se reconnaître le même principe de réduction du multiple à l'un. Un élément unique sert de mesure ou d'expression à une multiplicité. La monnaie est l'équivalent général des marchandises, le moyen de ramener à la même valeur, l'ensemble bigarrée et hétérogène des services et des biens. Le son de la voix (puis la lettre qui le représente) est l'équivalent général de tout ce qui peut se signifier dans le monde. Une batterie finie de signes (phoniques, puis graphiques) peut représenter, exprimer, traduire, l'infinie variété de la signification. -->

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